Repenser le geste


Le geste par défaut Le geste repensé Comment faire ?

Le geste par défaut

Description du geste par défaut

« L’œil voit, la main prend et le reste suit »

C’est là un premier réflexe, présent dès la toute petite enfance chez l’homme. Le bébé à 4 pattes tend la main vers l’objet… et tombe sur le menton.

Ce réflexe est logique, puisque c’est la vue qui déclenche le désir, et le désir qui motive l’action.

Mais ce réflexe est inefficace, c’est ce que découvre le bébé son menton sur le sol…

Description du geste du bébé
Le geste par défaut n’est pas toujours efficace, c’est ce qu’apprend l’expérience.

Conséquences sur le dos

Le geste simple
Le geste par défaut : simple, rapide, douloureux.

Si l’on s’en tient au geste par défaut, le dos travaille dans de très mauvaises conditions.

Tout d’abord, au lieu de faire travailler tout le corps, le travail est concentré sur une seule partie du corps. Au niveau de la colonne vertébrale, on assiste ainsi à une sur-sollicitation des lombaires, produisant à elles seules tout l’effort physique.

Ensuite la position du dos est souvent mauvaise : pendant l’effort cette position n’est pas réfléchie puisque le dos ne fait que suivre la main et le bras. On assiste alors souvent à des efforts en extension, en torsion, avec souvent une courbure de la colonne concentrée au niveau des lombaires.

Le geste par défaut est le plus simple, le plus rapide, mais aussi le plus douloureux.

Le geste repensé

L’expérimentation naturelle

Si l’on reprend l’exemple du bébé, c’est l’expérimentation qui va lui apprendre comment agir.

1ère expérience : il voit l’objet, tend le bras et tombe.
2ème expérience : il se rapproche un peu pour atteindre l’objet. Cette fois-ci c’est quand il soulève l’objet qu’il tombe, entraîné par le poids de l’objet.
3ème expérience : en se rapprochant encore, il se rend compte qu’il a plus de force lorsqu’il est prêt de l’objet que lorsqu’il est à bout de bras.
Il a ainsi appris la notion de moment d’une force, qui fait que plus un objet est éloigné du corps, plus il est difficile de le soulever

L’expérimentation est donc une suite d’actions qui enseignent par tâtonnements comment agir. Le geste est progressivement corrigé à la suite de pratiques inefficaces (l’objectif n’est pas atteint) ou douloureuses (l’enfant chute ou l’effort est trop important pour lui).

On constate le même phénomène chez l’animal, où les petits apprennent comment chasser, courir ou sauter, lors de jeux avec les autres jeunes ou leurs parents.

Décomposition du geste effectué par le bébé

En cas de lombalgie

Une des causes de la lombalgie est souvent le fait que l’on utilise son corps de façon inadéquate : les gestes ne sont pas réfléchis et les lombaires sont sur-sollicitées lors des efforts. Pour corriger cela, il convient de repenser ses gestes.

Ce travail se déroule en 4 phases :

  • une phase d’observation,
  • une phase de test,
  • une phase de répétition,
  • une phase d’amélioration des capacités.

Plus globalement, il doit devenir une démarche intuitive dans chaque geste qui déclenche une douleur lombalgique.

Comment faire ?

Observer

Elle vise à comprendre les erreurs d’un geste en regardant comment il se déroule. On cherche à détecter les moments où la colonne est sollicitée de façon excessive ou inconfortable en un point.

Elle peut être pratiquée avec un médecin, un kinésithérapeute, voire seul.

Les sollicitations excessives correspondent à une torsion, rotation, extension, compression de la colonne exagérées ou concentrées sur un seul tronçon. Elles sont souvent associées à une position inadéquate du corps par rapport au geste entrepris, ou à une non-participation des membres inférieurs au mouvement.

Ces erreurs identifiées, on cherche à trouver une solution lors de la phase de test.

Mauvaise position quand je me baisse

Tester

Elle consiste à repenser son geste et le tester ensuite. On mesure alors les gains en efficacité, douleur, aisance…

Ce travail est répété pour les principaux gestes qui sollicitent le dos :

  • soulever,
  • porter,
  • se baisser (et se relever)

Par exemple, en soulevant un objet avec les jambes plus qu’avec le dos, on constate que l’on soulève avec aisance et sans douleur des charges plus lourdes que celles que l’on soulevait avec peine en pliant juste le dos. Le test effectué, il ne reste plus qu’à transférer ses convictions dans sa pratique quotidienne, par une pratique répétée.

Il est possible que lors du test des difficultés apparaissent. La sollicitation des jambes, par exemple peut s’avérer difficile ou douloureuse : si les jambes sont en général peu sollicitées, elles sont peu musclées et tout effort est douloureux. Pour muscler les jambes et faire disparaître cette douleur à l’effort, il convient d’améliorer les capacités physiques des jambes.

Répéter le geste

Cette phase permet d’intégrer le geste repensé dans sa pratique courante. Elle intervient après la phase de test.

Elle procède par la répétition des gestes corrects.

Il est possible, voire normal, que ces gestes soient douloureux au début puisque l’on sollicite des muscles ou articulations auparavant sous-utilisés. L’exercice ne doit donc pas s’arrêter aux premières douleurs, que ce soit dans les genoux, les jambes, les cuisses… Ces douleurs ne sont pas spécifiques des lombalgiques, elles seraient similaires pour un non-lombalgique pratiquant les mêmes exercices (tous les sportifs ont des douleurs quand ils reprennent l’entraînement).

Intégrer le geste en s'entrainant

Après quelques semaines, on teste à nouveau ses gestes. Si les nouveaux gestes repensés ont pris la place des anciens, on peut arrêter ce type d’exercice (mieux vaut continuer par contre les exercices visant à améliorer ses capacités).

Améliorer ses capacités

Cette phase permet :

  • d’assouplir ou de développer certains muscles,
  • d’assouplir certaines articulations et d’améliorer leur vascularisation,
  • d’acquérir de bons automatismes de mouvements.

Votre médecin ou votre kinésithérapeute votre vous conseiller quels exercices pratiquer. Vous en trouverez des exemples sinon dans la partie « Votre programme d’exercices physiques » (qui sera en ligne début octobre 2004).

Il est possible que ces gestes soient douloureux au début puisque l’on sollicite des muscles ou articulations souvent sous-utilisés. L’exercice ne doit donc pas s’arrêter aux premières douleurs, que ce soit dans les genoux, les jambes, les cuisses… Ces douleurs ne sont pas spécifiques des lombalgiques, elles seraient similaires pour un non-lombalgique pratiquant les mêmes exercices (tous les sportifs ont des douleurs quand ils reprennent l’entraînement).

Après quelques jours ou semaines, les capacités s’améliorent, les exercices deviennent moins douloureux. Ils peuvent être continués sans limite de temps. D’ailleurs, ils pourraient être pratiqués par l’ensemble de la population, soit à titre de prévention de la lombalgie, soit pour améliorer ses capacités physiques.