Renoncement à l’activité physique


Le cercle vicieux de la désadaptation Douleur initiale Glissement vers le handicap Des essais infructueux pour s’en sortir

Le cercle vicieux de la désadaptation

À partir d’un épisode douloureux lombaire brutal, responsable d’un blocage ou d’une simple raideur douloureuse, un cercle vicieux peut se mettre en place.

Depuis l’épisode douloureux initial, on constate alors un glissement progressif vers le handicap. Les essais pour s’en sortir sont infructueux et l’évolution est progressive mais inexorable vers le handicap.

Cette évolution n’est pas une fatalité. Bien la connaître est la première étape pour y échapper et mettre en place une stratégie gagnante.

Le cercle vicieux de la désadaptation

Douleur initiale

Douleur mécanique

Au niveau des vertèbres, il s’agit souvent d’une mise en tension brutale des ligaments articulaires postérieurs, réalisant parfois une véritable entorse. Cet étirement est responsable d’une douleur et va être associé à l’apparition de contractures musculaires destinées à bloquer ces articulations douloureuses. Progressivement, on assiste à une diffusion de ces contractures à l’ensemble du tronc.

La douleur mécanique initiale

Traitement émotionnel

La douleur mécanique ou sensorielle est transmise au cerveau par les nerfs et la moelle.
Dans le cerveau la douleur subit un traitement « intellectuel« . En fonction des expériences douloureuses antérieures, des peurs (de ne pas guérir, de rechuter…), du caractère (optimiste ou pessimiste, bagarreur ou fataliste, …) et de l’état du moment (fatigue, déprime, problèmes personnels ou professionnels…), la douleur va être « traitée » et prendre une signification émotionnelle. Ainsi selon les personnes, la même douleur peut :

Douleur émotionnel

  • être négligée, ignorée, mise à l’écart et oubliée,
  • être entendue et « rangée » dans les nombreux évènements à traiter,
  • prendre une importance majeure et devenir la préoccupation unique de la personne.

C’est quand la douleur prend trop d’importance que l’on risque d’entrer dans le cercle vicieux de la désadaptation.

Les types de réaction

On distingue deux types de profils extrêmes dont dépendra en partie l’évolution de la lombalgie.

  • Le profil « adapté à faire face« 

Pour ce type de lombalgique, la douleur est perçue comme maîtrisée, familière, elle est considérée comme sans gravité. Il développe une ou plusieurs stratégies pour répondre à cette douleur, amenant à des réactions immédiates adaptées et efficaces, afin d’en réduire l’impact et reprendre progressivement une activité normale.

  • Le profil « catastrophiste« 

Pour ce type de lombalgique, au contraire, la douleur est considérée (à tort) comme grave, résultant d’une aggravation d’une lésion antérieure de la colonne vertébrale qui empirerait à chaque nouveau mouvement.
Il en résulte un état d’impuissance total et un sentiment de fragilité physique. Chaque nouvel épisode de lombalgie aggrave le catastrophisme de ce type de lombalgique.

Bien entendu, tous les intermédiaires entre ces deux extrêmes existent. D’ailleurs, chacun peut évoluer vers un extrême ou l’autre selon ses efforts et la nature de sa prise en charge.

Réactions face à la douleur

Glissement vers le handicap

Perte des capacités

La douleur, en réduisant les gestes quotidiens, va amener progressivement une perte de l’adaptation à l’effort : le cœur et la respiration ont du mal à adapter leur fonctionnement à un effort. Il en résulte un essoufflement et une augmentation de la fréquence cardiaque pour des efforts de plus en plus minimes.

Arrêt des activités

L’anticipation des risques de déclenchement de la douleur dans les activités amène à les réduire par précaution. Le niveau d’activité se réduit progressivement : arrêt des activités de loisir, sportives, sociales, familiales, conjugales, et professionnelles…

Le temps de position couchée augmente aux dépens du temps d’activité quotidien.

La perte des capacités physiques

Composante dépressive

Cet arrêt de la quasi totalité des activités significatives, et les interrogations du devenir de la douleur avec les années, associé à la perte progressive des rôles vis-à-vis des enfants, du conjoint, de l’entreprise… amène progressivement à l’installation d’une dépression masquée qui constitue un facteur supplémentaire de réduction d’activité et de fatigue liée à l’insomnie.

Le handicap

L’impuissance face à cette douleur, son côté inéluctable, amène souvent le lombalgique à renoncer. Il renonce non seulement à l’effort mais à l’activité sociale, professionnelle familiale, affective… Les essais infructueux pour s’en sortir le confortent dans ce renoncement.
Il évolue alors progressivement vers le handicap.

Des essais infructueux pour s’en sortir

Nature des essais

Dans ce contexte de douleur, le lombalgique essaie de sortir de ce cercle vicieux.

Ces essais reposent le plus souvent sur des tentatives d’activités, d’exercices. Le lombalgique les pratique en se demandant s’il va avoir mal ou non lors de leur pratique.

Ces tentatives peuvent avoir deux conséquences :

  • soit « cela passe » et on oublie…
  • soit le test déclenche à nouveau la douleur et le lombalgique entre alors dans le cercle vicieux de la désadaptation de la lombalgie commune d’évolution chronique.

Malheureusement, ces tentatives sont souvent des échecs.

Nature et objectifs des essais

Pourquoi l’echec ?

L’échec est le plus souvent dû au fait que le lombalgique n’est pas dans un exercice de retour à l’activité, mais dans une sorte de « test de guérison« , pour voir s’il a « récupéré » ses fonctions.

Le plus souvent, le test porte sur des exercices qu’il réussissait avant, lors d’activités qu’il pratiquait déjà. Il effectue ces exercices de la même façon et avec la même intensité qu’avant.

Malheureusement, la lombalgie a amené des changements dans ses capacités, même si une partie de ces changements est réversible. Le retour aux capacités antérieures ne sera que partiel et progressif. Tester directement si ce retour a eu lieu est un échec.

Cet échec ne signifie pas qu’il ne peut plus rien faire, mais qu’il ne peut plus faire la même chose de la même façon et qu’il devrait faire autre chose d’une autre façon.

Acceptation de l’échec

L’échec est accepté parce qu’il est expliqué. Le lombalgique pense qu’il n’est pas encore « guéri », que la médecine doit encore identifier ce qu’il a et le guérir, qu’on ne l’a pas encore opéré, qu’il a une anomalie anatomique (hernie, protrusion, arthrose…) que la médecine n’arrive pas à faire disparaître…

Cette acceptation de l’échec est confortée (voire encouragée) par son environnement : « avec ce que tu as, tu ne devrais pas faire cela… ».

Le lombalgique renonce aussi parce qu’il a peur de se faire mal, d’aggraver une lésion ou anomalie anatomique. Il est d’ailleurs encouragé dans ce renoncement par son environnement : « ne vas pas te faire mal ! »

Peut-on réussir ?

Le lombalgique a peu de chances de sortir de la lombalgie tant qu’il reste dans une logique de reprise d’une vie similaire à celle d’avant (qui d’ailleurs l’a amené à la lombalgie).

Les tentatives pour sortir du cercle vicieux de la chronicité peuvent être réussies si elles ne sont pas considérées comme des tests mais comme des exercices progressifs de réadaptation à l’effort.

Essayer de reprendre une acivité physique